Peintre et écrivain résidant en Catalogne depuis une quinzaine d’années, Anne Reymond vous invite à mieux connaître l’identité de cette région siperbe et attachante mais souvent incomprise voire ignorée.
Vous qui arrivez à Collioure, apprêtez-vous à découvrir dans cette terre magique faite de montagne et de mer, un monde, une culture, une identité : c’est la Catalogne qui s’ouvre à vous …
Mais Catalogne, Catalogne, que connaissez-vous de la Catalogne ? N’est-ce pas une province espagnole ? Où est-ce vraiment, la Catalogne ?
Vous avez dit « Catalogne » ou « Catalognes » ?
Eh bien oui, il y en a deux : celle du nord, avec Barcelone, et celle du Sud autour de Perpignan.
Chez nous en France, la Catalogne c’est exclusivement le département des Pyrénées Orientales.
A partir de Narbonne, on est déjà chez les « gabatch », les gens du nord .
Au nombre de tours de guêt sur les crêtes (deux rien qu’autour de Collioure, la Massane et la Madeloc), on comprend tout de suite qu’il y a eu bon nombre d’invasions, à commencer par les Phéniciens (savez-vous que le fameux clocher de Collioure fut à l’origine un phare phénicien ?), puis les Grecs (allez voir les ruines et le musée d’arquéologie d’Empuries en Espagne, à 1h de voiture de Collioure), puis les Romains (Port-Vendres, de Portus Veneris, signifie Port de Vénus).
Après quoi vinrent les Wisigoths (si vous voyez sortir un géant de la foule des tout petits Catalans, soyez sûr qu’il est issu d’au moins un ancêtre Wisigoth)
- les Aragonais,
- les Arabes,
- les Castillans
Et enfin, les Français après le Traité des Pyrénées de 1649 : de quoi perdre la tête, direz-vous.
Mais non.
La Catalogne, vous le verrez vite, est une terre de fidélité à des racines profondes et solides, comme celles de la vigne.
Ce n’est pas pour rien que la mascote du pays c’est l’âne, qu’on voit partout et surtout au pare-choc arrière des voitures – non pas bête comme on le croit trop vite, mais décidé à faire ce qu’il veut et à rester ce qu’il est : libre.
Quant au drapeau aux bandes « sang et or » (prononcez « sankéorr ») que vous voyez derrière l’âne, la légende veut qu’après une bataille contre les Normands, le comte Guifré le Velu se mourait de ses blessure lorsque le roi passant sa main sur les plaies saignantes de son féal serviteur, fit glisser ses doigts sur l’écu doré de ce dernier en disant des quatre traits parallèles :
« Voici quelles seront vos armes, comte ».
Ce drapeau vous le rappellera : vous le verrez partout – sur les rubans de vos achats, dans les bouquets de fleurs au marché, aux fanions des balcons, le rouge et le jaune pavoisent de concert, évoquant pour qui sait les lire la fidélité à soi-même malgré les luttes et l’adversité.
Car une chose est sûre : on s’est beaucoup battu sur ces terres, mais l’identité est restée bien vivante.
Balades et Randos
La Nature et Vous
Au printemps et à l’automne comme en hiver il est important d’être bien équipé pour vos promenades et randonnées dans le Massif du Canigou.
Il y a chaque année des victimes, malheureusement aussi parmi les pompiers qui essayent de sauver les civils en difficultés.
Pendant l’été, ne vous aventurez pas dans les broussailles sans être correctement chaussés : vous pourriez déranger des vipères.
Respectez strictement s’il vous plaît les interdictions de faire du feu et des grillades en pleine nature et ne jetez pas vos mégots par les fenêtres de votre voiture.
Nous craignons beaucoup et à juste titre les incendies dans toute la région.
Beaucoup d’espèces en voie de disparition survivent dans nos forêts et plus haut dans la montagne. Normalement, ces animaux se déplacent la nuit pour nous éviter.
En vous promenant vous trouverez certainement des vergers abandonnés avec toutes sortes de fruits. Veillez bien à respecter les vergers cultivés.
La nature ici est très riche mais le taux de chômage du département est vraiment élevé (plus de 25%). Le travail saisonnier importe pour beaucoup, notamment dans la vente de fruits aux touristes.
Vous partirez tôt pour le mardi matin pour faire à Prades entre 8h et 13h un petit tour au Marché niché autour de l’église. Vous y trouverez toutes sortes de produits de grande qualité faits à l’ancienne. Un peu avant Prades, un petit détour par l’éperon d’EUS
(prononcez « éhousse » comme on dit « oh hisse ! » ) vous amènera au village le plus ensoleillé de France derrière ses fleurs de pêchers.
Puis vous prendrez la direction Taurinya pour voir le site impressionnant, inoubliable, de l’Abbaye St-Michel-de-Cuxa (mais ne vous faites pas tout de suite repérer : le « x » catalan se prononce « ch » : Cucha).
C’est dans cette merveille édifiée en 840 (oui !) que se déroulent nombre de concerts du festival Pau Casals (voir plus bas).
Vous allez arriver à Villefranche-de-Conflent – surtout vous vous arrêtez et vous allez vous promener dans cette très vieille ville fortifiée – pensez : j’y ai visité une merveilleuse maison à vendre. Date de construction : 1111.
Dans quel style l’auriez-vous rénovée, vous ?
Et si vous voyiez l’église … ah !
N’oubliez pas d’entrer dans les boutiques artisanales, dont la boulangerie.
Au-dessus la ville, une des nombreuses forteresses de Vauban ne manquera pas de vous attirer l’œil – et les jambes.
A partir de Villefranche, plein de possibilités.
Option 1 :
Prenez le Petit Train Jaune qui fait un aller et retour vers la Tour-de-Carol en une journée. C’est une expérience insolite : à côté des voitures « normales » (=couvertes), il y en a d’autres, sans toit, qui datent du début du siècle : attention à votre chapeau !
On passe par des ponts métalliques impressionnants et des canyons : les enfants poussent des cris de joie, les plus grands restent bouche bée.
Le petit Train Jaune dessert Font Romeu où, en saison, s’entraîne l’équipe de France de ski.
Revenus à Villefranche, vous pouvez reprendre votre voiture et monter vers Montlouis – même chemin que le train jaune, mais par la route. Belle forteresse – qu’on ne visite pas : des militaires s’y entrainent.
A Olette, vous bifurquez sur la droite et vous dirigez vers Evol, petit village très pittoresque avec ses toits de schistes. L’église renferme l’un des plus beaux retables d’Europe.
La dominent les ruines du Château des Vicomtes d’Evol (voilà qui vous donne une petite idée de la vie de ces Pyrénées dont je vous parlais plus haut: partout des rois, comtes et vicomtes, autant de chefs militaires avec forteresses et combats – et partout des abbayes pour reficeler les morceaux).
Le thym de cette région avait une réputation médicale très établie au moyen âge : il pouvait pratiquement tout guérir.
Option 2 : dirigez-vous vers les grottes spectaculaires des Grandes Canalettes (informations au 04 68 05 20 20 pour les tarifs et heures d’ouverture, photos plus bas).
Elles abritent chaque année au moins un des concerts du festival Pau Casals. Je me souviens d’un sextet inoubliable de Boccherini : ah, les lumières valaient bien les sons … (même en été pensez à prendre vos châles, gilets et fourrures.)
Après cela, vous allez vous rendre à pied (ça grimpe !) à l’Abbaye (encore une) de St-Martin-du-Canigou fondée en 1008 par Guifred, comte du Conflent et de Cerdagne, et de son frère, abbé à St Michel de Cuxa. Un site absolument spectaculaire. Aujourd’hui, une communauté des Béatitudes l’habite et l’entretient.
Vous pouvez aussi monter en 4×4 au Cortalets pour un repas ou mieux un repas et une nuit au refuge, puis vous montez à pied jusqu’au Pic du Canigou (1h à 1h30).
En regardant la ligne de la Méditerranée, vous constatez que la planète a bien la forme expliquée en son temps par votre professeur de géographie.
Les Gorges de Galamus, site classé très impressionnant, ne sont pas loin.
D’un côté, c’est la nature pure et dure, abrupte et sans merci – de l’autre, on voit le travail des ermites depuis le XVe siècle jusqu’aux années 20 du siècle passé.
Et ci-dessous l’ermitage de Gamamus.
Petit encart sur les sports de la région:
La rando se décline avec brio :
– balade pédestre classique en réserves naturelles à Prats-de-Mollo-la-Preste,
– sorties à cheval aux Angles
– variations sous-marines avec masques palmes et tuba comme à Cerbère ou Paulilles
– et pour les moins sportifs des promenades en bateaux à vision sous-marine (Argelès Port-Vendres).
Pour l’escalade vous irez plutôt du côté de Prades et sur le Canigou bien sûr.
Le cyclo-tourisme et le VTT c’est partout ;
le kayak de mer tout le long de la Côte Vermeille,
Un beau Golf à Saint-Laurent-de–Cerdans,
du jet-ski à Canet-en-Roussillon,
des raquettes et du ski (pistes et randonnées) en saison (miracle de cette région entre mer et montagne !),
plongée,
équitation – bref, les sports ne manquent pas dans la région.
Pour le grand frisson :, optez pour le saut à l’élastique au pont du Diable de Céret ou pour le canyoning : dans les PO, c’est possible et c’est formidable ! à Amélie les Bains, Arles sur Tech, Céret, Molitg (prononcer Molitch), les gorges de Galamus (regardez les photos ci contre), Reynes, St Paul de Fenouillet, Taurinya : les sites ne manquent pas.
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Les Châteaux Cathares
A partir de Saint-Paul de Fenouillèdes, vous ne voudrez pas manquer les trois châteaux cathares de Peyrepertuse, Queribus et Puilaurens.
Là encore, quelle promenade !
Notre région se trouve au cœur de l’histoire des Cathares.
On ne peut pas ignorer les forteresses où les hérétiques cherchèrent en vain leur refuge.
Les plus proches de Perpignan sont Quéribus et Peyrpertuse.
On peut les voir en hélicoptère (voir plus bas) ou en voiture (direction Estagel, superbes vues sur les vignobles, puis Maury –ses vins, ses trompe l’œil, et en juin son festival.
Toutes Toiles Dehors – et suivre les indications vers le château de Quéribus).
En montant vers l’éperon de Queribus, construit un bon siècle avant l’hérésie comme la plupart des châteaux dits ‘cathares’, vous ne manquerez pas de vous demander comment on a pu élever pareille forteresse avec les moyens du temps…
Mieux valait être seigneur que serf. Ceci dit, une fois tout en haut du donjon quelle vue !
Entre le XIIe et le XIVe siècle les Cathares ont fait l’objet d’une croisade sans scrupule de l’Église contre l’hérésie qui se répandait dans le sud-ouest de la France médiévale.
Le nom cathare, qui signifie «pur», est un terme péjoratif. Indignés par la corruption de l’Eglise, les « hérétiques » parlaient d’eux-mêmes comme de «bons hommes», «bonnes dames» ou «bons chrétiens».
Ils vivaient en communauté dans les villes et villages, pratiquaient une activité manuelle, faisaient vœu de pauvreté et de chasteté.
L’engagement des «bons hommes» et des «bonnes dames» incluait aussi la prédication en place publique ou lors de veillées chez des particuliers.
Ils suivaient également une liste stricte d’interdits alimentaires : tout aliment d’origine animale leur était interdit et le jeûne très fréquent.
Sur le plan géographique, l’hérésie cathare a touché l’ensemble du comté de Toulouse, qui s’étend alors d’Agen à Béziers, et d’Albi aux Pyrénées. D’où la fréquente appellation d’«albigeois».
L’Eglise s’inquiètait parce que l’hérésie a grandi très rapidement et « contaminé » le clergé catholique.
L’historien Michel Roquebert (2) attribue cette tolérance à l’habitude dans le Languedoc médiéval de la cohabitation avec des hérésies ou autres religions, notamment l’arianisme à la période wisigothique, mais aussi la proximité avec l’islam, présent en Espagne à l’époque.
Le bûcher de Montségur, épilogue dramatique du combat contre les cathares, a eu lieu quinze ans après la fin de la croisade.
Pour échapper à l’Inquisition, instituée en 1233, le clergé cathare s’est réfugié dans quelques places fortes, dont la forteresse de Montségur, perchée sur un éperon rocheux des Pyrénées.
Au terme d’un siège d’un an, la place est prise par l’armée française.
La vie sauve est promise aux cathares qui abjureraient leur foi, mais 220 d’entre eux refusent, et mourront brûlés vifs sur un bûcher le 16 mars 1244.
L’histoire a retenu cette date comme celle de la fin du catharisme, bien que quelques cathares aient réussi à fuir en Lombardie, et qu’on ait pu en trouver en France jusqu’au début du XIVe siècle.
Pour une super visite de ces demeures (toutes bâties avant l’hérésie, soit au XIe siècle pour la majorité d’entre elles), offrez-vous un survol avec Hélittoral Hélicoptères, Avenue Maurice Bellonte, 66000 Perpignan (180€/personne 35 minutes de vol – 06 20 80 21 42 départ de Perpignan).
Trace des Cathares à Perpignan, la Fontaine des Bonnes Dames, rue des Surreaux dans la haute ville, tout près du Palais des Rois de Majorque.
Avec l’Abbaye de Fontfroide, près de Narbonne, on dépasse un peu la Catalogne mais quoi ? 1000 ans d’histoire vous attendent …
Centre culturel au grand rayonnement, l’abbaye reçoit de nombreux colloques, expositions d’arts ou de plantes, conférences. Regardez son planning dès la réouverture des monuments après l’épidémie, vous serez sûrs de trouver des nouvelles passionnantes.
Le cloître est l’un des plus beaux de tout le Sud français. Aimery, vicomte de Narbonne, l’a fondé dans les dernières années du XIe siècle.
Pierre de Castelnau y fut moine.
Alors qu’il était légat du pape Innocent III auprès de Raymond VI de Toulouse, son assassinat (15 janvier 1208) fut le point de départ de la Croisade contre les Cathares ou Albigeois. Mais allez-y : je ne peux pas vous raconter toute l’histoire …
Le Prieuré de Serrabone
Direction Prades – A hauteur de Ille-sur-Têt, indiquez bien à vos enfants les célèbres Cheminées de Fées que vous pourrez voir sur la droite depuis votre voiture.
A partir de Bouleternère, vous allez monter vers Boule d’Amont pour visiter le Prieuré de Serrabone (de Serra Bona, la bonne montagne) .
Avec son humble jardin des simples, ce trésor de la sculpture romane veille depuis 10 siècles sur son recoin de montagnes.
Outre le cloître et sa galerie peuplée d’un fabuleux bestiaire, vous verrez la tribune en marbre rose de Villefranche haute de plus de 3 mètres.
Après quoi vous pourrez prendre un verre ou un repas à l’auberge de Boule d’Amont.
Sur le retour vous continuerez sur Céret en passant par Saint-Féréol ; la chapelle présente une vue superbe sur la plaine.
Et vous arriverez à Céret – promenez-vous dans les rues et ruelles et asseyez vous à la terrasse du France pour admirer les ombres et lumières sur les troncs des platanes : de quoi devenir Peintre !
Et puis allez voir le Musée d’Art Moderne, très riche, un des meilleurs de province française.
Si vous arrivez vers mai-juin, sachez que Céret qui se targue d’en être la Capitale organise tous les 1er juin une grande Fête de la Cerise dans les rues : à ne pas manquer.
A Perpignan, vous allez voir l’incontournable Palais des Rois de Majorque. On y entre par un long et sinueux escalier construit spécialement pour permettre au Roi d’accéder à cheval à la Cour d’Honneur.
Il n’y eut que trois rois de Majorque : mais quels bâtisseurs : un Palais à Perpignan, un autre (d’été) à Collioure, un troisième (disparu) à Montpellier.
Visites à 11h et 15h.
Je recommande, très chaudement !
Autre forteresse absolument incontournable, le Château de Salses ! Construit par les Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille, c’est le verrou espagnol de l’ancienne frontière avec la France.
En effet, il est situé sur une bande littorale de 200 mètres de large entre les premiers contreforts des Corbières maritimes et l’Étang de Leucate, et constituait donc un point de passage obligé pour toute armée d’invasion désirant passer du Languedoc en Roussillon.
Comment faire passer ailleurs tous les lourds canons de l’artillerie, les innombrables charrettes de vivres, le matériel et les munitions qui accompagnent habituellement les armées en marche ?
La forteresse de Salses a servi de décor pour les cinquième et sixième tomes de la série Les Aventures d’Alef-Thau dessinée par Arno sur un scénario de Jodorowsky17.
Après cette visite, vous serez tout près de Leucate : ne manquez pas un petit coupe-faim avec des huîtres et autres délices marins !
Qu’est-ce qu’on mange, en Catalogne ?
La montagne et la mer – en catalan « mar y mont » c’est le nom de toutes sortes de plats alliant viandes et fruits de mer, poissons, coquillages et langoustines – à voir sur grand nombre de menus et même sur YouTube.
A propos de mer, suivez sur la route Leucate les jolis noms de « conchyliculture » ou « village conchylicole » : vous pourrez déguster huîtres, bulots, oursins et toutes sortes de fruits de mer devant des verres de Rivesaltes et autres blancs de la région sur les pontons ombragés du canal à l’arrière des innombrables cabanes à huîtres …
Dans ma location de Collioure, vous trouverez plusieurs adresses favorites de recettes et de restaurants. (Google : Escapade romantique à Collioure Airbnb)
Pour faire un Pa amb tomàquet i anxoves il vous faut, comme son nom l’indique du pain, de latomate et des anchois.
Une variante inclut l’ équation « ventrèche de thon à l’huile + tomates sur pain = un plat gagnant » ! Autre spécialité dont raffolent les catalans, … les sardines !
La meilleure Charcuterie catalane vient du Vallespir, en particulier à Saint-Laurent de Cerdan : jambons, boudins blancs aux fèves, saucisses catalanes à griller… A St-Laurent, vous trouverez aussi les plus belles espadrilles de la région, les vigatanes à longs lacets recouvertes de Toiles du Soleil, et vous partirez avec un sachet portant fièrement : Paris, Saint-Laurent-de-Cerdan, Tokyo. Si c’est pas une grande réussite que d’afficher fièrement le nom de son village entre ceux de prestigieuses capitales ? Magnifique résultat du sauvetage fabuleux d’une industrie artisanale qui se mourait…
L’Escalivada, c’est ce plat de légumes savoureux cuits au four qui accompagnent viandes et poissons (du catalan : escalivar, rôtir). Quant au suquet de Peix, parins qu’il vous fait déjà saliver…
N’oubliez pas les poivrons à la catalane, rouges et jaunes de préférence, cuits au four, roulés dans un journal pour refroidir : la peau s’enlève alors très facilement. On coupe de longues lamelles qu’on arrose d’huile d’olive, + ail + persil : whaouhhh !
Pour réussir de l’All i oli , c’est-à-dire de l’ail à l’huile (oli) façon traditionnelle catalane, voici quelques conseils : enlevez les germes verts à l’intérieur des gousses d’ail, gardez les ingrédients à température ambiante, utilisez un mortier pour sublimer tous les éléments et battez toujours dans le même sens !
Les Boles de picolat, elles, demandent un tour de main qui ne s’invente pas. Allez les déguster chez de vrais catalans, ainsi que l’ouillade, cette potée plutôt hivernale du sud, qu’on trouve dans de vraiment bons restaurants : pour ces deux plats, évitez les caboulots.
En catalan, un calçot (prononcez le « t » final) est un petit oignon tendre que l’on cuit à la braise lors d’un grand repas appelé « calçotada ». Et accompagnez-la d’une sauce romesco : un délice ! Secret de la sauce romesco : tomate, pain frit, amandes grillées, piments rouges, ail, vinaigre, herbes, épices… Avouez : vous avez déjà l’eau à la bouche, pas vrai ?
Le lapin aux escargots à la catalane vaut le détour pour les amateurs de cuisine raffinée. Quant à la Cargolade, c’est une grillade de tous petits escargots, occasion de fêtes villageoises réjouissantes. Sans parler, bien sûr des anchois de Collioure …
Et qu’est-ce qu’on boit ?
Eh bien, depuis une quinzaine d’années les vins de la région sont vraiment entrés dans la cour des grands. Il faut cependant savoir qu’étant donné la vigueur du soleil les degrés d’alcool ont singulièrement grimpé : on trouve facilement des 13, 14, voire 14,5 degrés : têtes fragiles, s’abstenir.
Les Rivesaltes font beaucoup parler d’eux, la renommée des Banyuls n’est plus à faire (ces vins ne sont d’ailleurs pas « cuits » mais dorent deux ans au soleil dans des dames-jeannes sur les toits), les vins de schistes passionnent les connaisseurs et l’on compte quelques coopératives qui gagnent régulièrement plusieurs médailles d’or pour leurs différentes gammes.
Disons enfin que les vins bio gagnent du terrain un peu partout sur nos terres. Dernière indication, un vin très étonnant que je ne connais qu’ici en Catalogne, c’est le rancio.
Produit à partir de cépages grenache, carignan ou macabeu (=prononcer « ma-ka-bé-ou »), blanc ou rouge, sec ou doux, il est élevé au moins 5 ans en plein air dans des tonneaux non remplis.
Son degré d’alcool en fait un vin d’apéritif ou de digestif.
Il mérite certainement une dégustation. Vous trouverez des adresses spécifiques dans le livret d’accueil de mon appartement El Niù à Collioure.
Les Musées d’Art de la Région
Incontournables dans la patrie des peintres !
Mais j’en ai parlé ailleurs (voir sur Google : Mes Meilleurs Souvenirs de Vacances – Collioure, une fabuleuse région de peintures). Je ne ferai donc ici rappeler pour mémoire le Musée d’Art Moderne de Céret, au premier rang de sa catégorie dans les provinces françaises.
Et puis au Sud il y a l’Espagne – il y a Gérone – et donc, Dali. Le Musée Dali est un must. Mais si vous décidez de vous y rendre, retenez des entrées par internet bien à l’avance : vous vous éviterez ainsi des HEURES de queue sous un soleil de plomb.
Après ce festival de surprises, du portrait de Gala en Mobilier au plafond en Trompe l’oeil d’un étage supérieur, il faudra bien un repas à Rosas ou à Cadaques avec vue sur la mer pour se remettre ! Et la Zarzuela (si vous aimez le poisson) sera la découverte gastronomique du jour.
Mentionnons aussi le Musée McIntosh à Port-Vendres.
Mais qui est McIntosh ?
Né en 1868 à Glasgow, cet architecte, concepteur et aquarelliste écossais est le principal représentant d’un courant, l’Ecole de Glasgow issu du mouvement Arts & Crafts.
Ce mouveement influencera le « Modern Style », pendant anglo-saxon de l’Art nouveau.
Un défilé ininterrompu de Britanniques vient visiter ce temple d’un artiste trop mal connu en France dont les œuvres peintes rappellent souvent William Morris et Klimt.
Il a aussi – surtout – laissé une œuvre architecturale incontournable.
Le musée des Poupées Bella
Eh oui, surprise surprise, les Poupées Bella sont nées à Perpignan ! En 1946. Dans un garage … Une mode que d’autres ont suivie bien plus tard, en Californie…
Ce nom, Bella, Lucie et Salvi Pi l’ont choisi d’abord parce qu’il est facile à prononcer dans toutes les langues et ensuite parce qu’il rappelle les origines catalanes de l’entreprise – Bella, Bella Donna – et le patronyme Py est lui-même éminemment catalan.
J’en profite pour insister sur cette langue, le catalan : elle n’est ni un dialecte ni une sous-langue.
Elle fut tout de même la première LANGUE romane (issue du latin) avec une grammaire et un dictionnaire et connu son heure de gloire à partir du Xe siècle, alors que le castillan et le français n’en étaient qu’à leurs premiers balbutiements; elle est parlée ou du moins comprise aujourd’hui par un peu plus de 6 millions de personnes – jusqu’à Alghero en Sardaigne, et même dans la région de Bodrum en Turquie : quels navigateurs, tout de même, ces catalans dans leurs toutes petites barques !
Il faut tout de même dire que beaucoup la comprennent sans pour autant la parler : c’est qu’elle n’est pas facile, cette langue où rien ne se prononce comme ça s’écrit !
Il faut dire aussi qu’après 1945, elle a été INTERDITE à l’école … Mais qui pourra jamais éteindre l’âme catalane ? En 2016-2017, 25% des élèves de la région fonctionnent entièrement en catalan.
Mais revenons à nos poupées.
Dans un premier temps, Salvi a sculpté ses modèles réalisés ensuite en carton trempé. Pendant ce temps, Lucie créait les garde-robes.
Puis le rhodoïd remplace le carton et un peu plus tard, les matières plastiques révolutionnent la fabrication.
Durant les années 1960 Tressy, Cathie ou Héléna marquent l’apogée de l’entreprise qui compte alors plus de 600 employés.
Elles ont des cheveux d’ange et savent fermer les yeux quand ont les couche.
Mais voilà qu’arrive la redoutable Barbie qui fera doucement glisser l’entreprise vers la faillite. Reste le musée qui présente quelques 500 Bella et bon nombre de photos de leurs admirateurs, artistes et stars.
La Procession de la Sanch
Depuis 1461 chaque vendredi précédant Pâques, la ville de Perpignan voit défiler une procession de personnages bien étranges pour des yeux non avertis : à voir leurs robes rouges ou noires et leurs grandes cagoules pointues, on pense beaucoup plus à des membres de Ku Klux Klan qu’à des … pénitents !
Car c’est en effet, pour célébrer la fête religieuse la plus importante pour les catholiques, que la Procession de la Sanch évoque la passion du Christ.
Comme à Assise, les moines dominicains avaient pour mission au XVème siècle d’accompagner les condamnés à mort jusqu’au gibet…
Dans un effort pour tenter de sauver ces âmes en déroute, ils initièrent un dur chemin de croix sur des voies de préférence très en pente. On voit ainsi des hommes ployer sous de vraies croix de bois entre les misteris, ces représentations grandeur nature de scènes de la Passion qu’acheminent de 4 à 8 hommes.
Chaque processionnaire porte à lui seul entre 30 et 50 kg plusieurs heures durant à travers les ruelles étroites des villages de façon à ce que tous participent à la cérémonie, mêmes des personnes ne pouvant se déplacer..
Mais comme les moines devaient protéger les condamnés du lynchage de la foule, ils ont pensé caché la véritable identité des condamnés en couvrant leurs corps de ces curieuses robes noires ou rouges et leurs visages de ces capuches pointues qui ne prévoient d’orifices que pour les yeux.
Pour garantir au mieux l’anonymat des condamnés, le nombre des participants se devait d’être constant chaque année : aux moines et à quelques notables de combler les rangs.
A Perpignan, le parcours quitte l’Eglise St Jacques à 15 h où se trouve l’autel de la confrérie de la Sanch et y revient vers 18 h. Chaque année, plus de 10 000 personnes se pressent pour assister à ce défilé étonnant et spectaculaire.
A Collioure, particularité supplémentaire, la procession débute à la tombée de la nuit et progresse à la lueur des flambeaux.
Agenda 2022 : Vendredi 15 avril
Amis des Animaux, Bonjour !
Située entre Narbonne et Perpignan (à 1h30 de Collioure, soit une petite centaine de km) , la Réserve Africaine de Sigean héberge plus de 3800 animaux sur plus de 300 hectares.
Elle a été créée à l’initiative de Paul de La Panouse et de Daniel de Monfreid ,
Quelques dates-clé depuis son ouverture au public le 8 avril 1974.
1984 : édition du premier livre guide du Parc – 1995 : arrivée des premiers chimpanzés – 2012 : naissance du premier rhinocéros blanc – 2020 ; ouverture du nouveau vivarium
Dans un environnement semi-naturel autour d’une vaste étendue d’eau, ce parc animalier offre un espace suffisamment vaste pour que les animaux restent suffisamment sauvages pour exprimer pleinement leurs comportements.
Aujourd’hui près de 900 Mammifères, 600 Reptiles et 2000 Oiseaux y sont élevés.
Les oiseaux migrateurs n’hésitent pas à faire halte sur les étangs bien protégés de la Réserve: Cormorans, Fuligules milouins et morillons, Nettes rousses…, mais aussi de “grands échassiers” telles les Aigrettes garzette, ou les Hérons cendrés, Grues cendrées, Flamants roses, Cigognes noires, Cigognes blanches…, ces dernières se posent par dizaines aux périodes de la migration et certaines d’entre elles, sédentarisées, nichent aujourd’hui sur le site.
Il y a aussi des espèces plus sédentaires comme les Goélands, les Mouettes, les Sternes, oiseaux de bord d’étang ou de rivière qui viennent nicher – Colverts, Tadornes, Foulques, Poules d’eau, Échasses blanches, Hérons bihoreaux, Martin-pêcheurs, Guêpiers d’Europe et bien d’autres encore. Un paradis d’ornithologues, un émerveillement pour tous.
Une promenade dans cet étonnant paradis remplira une bonne et inoubliable journée. Durant la Pandémie, l’achat de billets se fait obligatoirement en ligne. Le site vous donnera toutes les indications horaires et tarifaires.
Autour de la Retirade
En Catalogne, si vous connaissez des Catalans, vous n’allez pas passer quinze jours sans qu’on n’évoque la Retirade, cette page sinistre et douloureuse de la guerre d’Espagne.
Tant de lieux en parlent….
Nous sommes en 1939. De nombreuses vagues de réfugiés se sont succédées depuis 36 ; mais là, la chute de Barcelone a entraîné un exode sans précédent.
Un demi-million d’hommes femmes et enfants ont traversé les Pyrénées dans des conditions hivernales épouvantables pour aboutir dans les Pyrénées Orientales (PO) qui comptaient alors en tout et pour tout 250 000 âmes.
Soit en quelques semaines, une invasion du double de la population native de tout le département. Parmi les réfugiés, le poète madrilène Antonio Machado est arrivé complètement épuisé et malade à Collioure où il est mort.
Il n’est pas de mois où sa tombe ne recueille hommages et célébrations de particuliers et d’associations dans le modeste cimetière du bourg. Remarquez la présence des couleurs « sang et or ».
Oui, il y a eu le camp de Rivesaltes, de triste mémoire.
Et d’autres centres – sur les plages d’Argelès, de Saint Cyprien, et plus loin en montagne, à Prats de Mollo.
Mais comment faire devant tous ces hommes, ces femmes, ces enfants privés de tout, sans rien d’autre qu’une mauvaise valise où rien ne tient deleur vie passée ? Les images abondent, plus affreuses les unes que les autres (Musée de la Retirade, Le Perthus).
Il y a aussi, autre coté de la médaille, la générosité de plus d’un, qui avaient si peu. Et les exemples ne sont pas rares. L’un des plus beaux, c’est certainement la Maternité d’Elne au château d’En Bardou, à Elne bien sûr.
C’est l’œuvre d’une jeune institutrice suisse de 24 ans, Elisabeth Eidenbenz, qui, prise de compassion pour les quelques 75 à 90 000 réfugiées obligées d’accoucher dans des conditions effroyables, leva des fonds à Zürich sa ville natale et engagea bon nombre d’associations humanitaires américaines, françaises et suisses à ouvrir une maternité digne de ce nom qu’elle fit fonctionner de septembre 1939 à avril 1944.
Aux réfugiées espagnoles sur le point d’accoucher, s’ajoutèrent bien vite des mères juives, tsiganes et d’autres origines, toutes fuyant les persécutions.
Six cents enfants de 22 nationalités différentes sont nés dans le calme de cette maternité. Élisabeth Eidenbenz recevra en 2002 la médaille des Justes parmi les nations pour son action exemplaire.
On peut visiter cette belle maison et s’émouvoir sur l’action splendide de cette jeune femme. Pour en connaître davantage sur cette période douloureuse et ô combien difficile, on pourra lire le court roman de Marie-Claire Baco-Baesa, Itinéraires de Femmes, qui décrit en contexte 3 générations de femmes de la retirada à nos jours en passant par la maternité d’Elne.
Pau Casals et le Festival éponyme de juillet-août
Autre personnalité immense poussée par la guerre civile espagnole sur les routes de l’exil, le catalan violoncelliste Pau (ou Pablo) Casals (1876-1973) a longtemps vécu à Prades (60km de Collioure), puis à San Juan de Porto-Rico où il est mort. Interprète, chef d’orchestre, professeur et compositeur, il a mené un infatigable combat au nom de la paix et de la liberté et avec Rostropovitch il compte certainement parmi les musiciens les plus engagés du XXe siècle.
A partir de 1933, il refuse de jouer en Allemagne tant que le dictateur sera au pouvoir. De 1936 à 38, il multiplie les concerts de bienfaisance pour les victimes de la guerre civile espagnole avant de quitter Barcelone alors occupée par Franco.
Il s’installe alors à Prades et cesse de se produire : silence symbolique pour l’Espagne qui le reconnaissait comme son plus grand violoncelliste.
Ses nombreux concerts de bienfaisance, son implication dans l’action humanitaire et ses diverses interventions aux Nations Unies ont transmis l’image d’un homme de paix. Son oratorio El Pessebre (La Crèche) deviendra un véritable hymne à la paix.
C’est Pau Casals qui a instauré le festival qui porte son nom. Si elle peut avoir lieu comme prévu, la 71e édition, du 30 juillet au 13 août 2021 comprendra Sol Gabetta, Vladimir Spivakov, Josep Pons, Anastasia Kobekina, Gautier et Renaud Capuçon et encore Noëmi Waysfeld :
15 jours de fête de la musique qui s’abriteront dans des lieux exceptionnels tels que l’abbaye Saint-Michel de Cuxa à Codalet, principal accueil du festival, le prieuré de Serrabonne, l’abbaye Saint-Martin du Canigou ou encore , comme indiqué plus haut, les Grottes des Grandes Canalettes, l’église de Villefranche de Conflent et le superbe Grand Hôtel de Molitg que je vous raconterai dans le Livre d’Or d’El Niù (Google : El Niù, bord de mer, jardins, parking, wifi, Airbnb) .
Extraordinaire Catalogne – ô combien attachante… Avant de la quitter, allez à la FNAC de Perpignan demander des enregistrements de Luis LLach, ce chanteur emblématique à la voix si nostalgique qui parle au cœur de tous – et passez feuilleter quelques ouvrages à la Llibrairia Catalana (7 Place Jean Payra, 66000 Perpignan, 04 68 34 33 74), une des plus vieilles, sinon la plus vieille librairie de Perpignan ….
Et puis, revenez. Parce que vous n’avez pas tout vu, loin de là !
Et si vous prenez vos vacances à Collioure, ne manquez pas de lire l’article sur ce merveilleux Village.
Donc, à bientôt.
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